L’espace « Les civils et la Libération », situé au premier étage du musée, évoque les bombardements ayant précédé la Libération. Majoritairement alliés, ces terribles bombardements sont à l’origine de nombreuses victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale.

Ce pilonnage a pour conséquence de ternir l’enthousiasme de la population normande au moment de sa libération. La rencontre entre civils et soldats est illustrée dans toute sa complexité dans la suite de ce parcours.

De nombreuses villes normandes sont détruites à plus de 70% : la reconstruction s’annonce longue et compliquée. La dernière partie de cet espace lui est entièrement consacrée.

L’exode en 1944

Le Mémorial de Falaise rappelle les chiffres : « 45 millions de civils morts et 30 millions de civils déplacés ou réfugiés » – chiffres à l’échelle du bilan de la Seconde Guerre mondiale (1937-1945) – et précise aussi que pour la première fois dans l’histoire, il y a eu plus de victimes civiles que militaires.
Dès 1940, que ce soit des soldats battant en retraite ou des civils fuyant les atrocités de la guerre et son lot de répressions, des millions de Français prennent la route, souvent à pied, avec de maigres bagages.
Le chaos est total, sur les routes, mais également à bord des trains bondés. Pour faire face à cette vague de voyageurs, des trains à bestiaux sont réquisitionnés.
Si la destination principale est Paris dans un premier temps, beaucoup de civils empruntent le chemin du Sud-Ouest par la suite.
Tous ne rejoindront pas leur ville d’origine à la fin de la guerre. Les grandes villes en « Zone Libre » sont ainsi saturées de réfugiés (que Pétain appelait les « fuyards » en 1941).
À cette époque, Lyon ou encore Marseille verront leur population augmenter considérablement.

Cet exode est un des mouvements de masse les plus importants du XXe siècle en Europe.

Les bombardements des villes normandes

En arrivant au premier étage du musée, on découvre un espace entièrement consacré aux terribles bombardements qu’a connu la Normandie.

Une  normande fouillant dans les ruines de sa maison à Orglandes, le 17 juin 1944
Une normande fouillant dans les ruines de sa maison à Orglandes, le 17 juin 1944

Les troupes alliées débarquent sur les côtes normandes à l’aube du 6 juin 1944. La France est sur le point de retrouver sa liberté, après quatre longues années d’Occupation. Cette date inoubliable demeurera gravée dans l’esprit de beaucoup comme un symbole d’allégresse et de grandes promesses.

Pourtant cette journée, lumineuse pour les uns, restera pour d’autres synonyme de déchirement. Alors que « le jour le plus long » s’achève, de nombreuses villes normandes sont déjà dévastées par les bombes. Plusieurs milliers de victimes périssent sous les ruines. Dès la nuit suivante, le lendemain ou dans les jours suivants, beaucoup d’autres villes subiront le même sort.

Les bombardements subis par la Normandie en 1944 – qui ont lieu avant et après le Débarquement – comptent parmi les plus violents de la Seconde Guerre mondiale. On déplore de nombreuses victimes civiles.

La population normande se réfugie sous terre, dans les souterrains, les caves et les anciennes carrières pour se protéger des bombardements. Ces semaines passées dans des conditions très précaires sont particulièrement éprouvantes et laissent de terribles souvenirs.

Au-delà des destructions matérielles considérables qu’elles occasionnent, ces frappes font entre 50 000 et 70 000 victimes, dont 12 000 pour la seule Normandie.

Les souffrances de la population normande, en particulier dues aux bombardements, sont instrumentalisées par la propagande.
Le gouvernement de Vichy et les partis collaborationnistes s’en saisissent pour tenter de dresser la population contre les Alliés. 

Les civils et soldats dans la Bataille de Normandie

En poursuivant votre parcours au 1er étage, apparaissent sous vos yeux des images poignantes illustrant la complexité des rapports entre les civils et les soldats alliés.

En 87 jours de campagne, plus de 2 millions de soldats alliés, plus de 438 000 véhicules, plus de 3 millions de tonnes d’équipements et de ravitaillements ont été débarqués en Normandie.

Au total, dans les régions libérées, on compte environ quatre soldats pour un seul habitant… Une telle concentration humaine n’est pas sans provoquer quelques tensions.

En dépit des bombardements, qui ont détruit de nombreuses villes normandes à plus de 75% et entrainé de nombreuses victimes civiles, la population normande exprime sa gratitude aux troupes alliées venues les libérer.

À la joie de la Libération, succèdent la méfiance et l’incompréhension.

La présence d’armées en opération bouleverse la vie des populations qui fuient les combats. Lors des premiers jours après le Débarquement, l’accueil réservé aux Alliés est prudent : les civils craignent le retour des Allemands et redoutent des représailles pour ceux qui ont sympathisé avec les Alliés.

De leur côté, les militaires alliés sont également sur leurs gardes et se montrent méfiants envers les civils. Ils craignent la présence de déserteurs ou d’espions ennemis.

Le Mémorial de Falaise s’attache à illustrer cette cohabitation entre civils et soldats qui s’avère aussi surprenante qu’inédite.

Les reconstructions

Le dernier podium de cet espace est naturellement dédié à la phase qui s’annonce longue et compliquée : la reconstruction.

Reconstruction

La France sort profondément meurtrie du conflit. Avec 80 000 immeubles et 180 000 bâtiments détruits, le Calvados représente à lui seul 1/10e du total des destructions.

Dès la fin du mois de juin et la libération du nord Cotentin, comme tout au long du mois de juillet, les réfugiés qui étaient restés dans les campagnes alentours rentrent chez eux. Mais au mois d’août, l’avance rapide des armées amplifie le flux qui ne se tarira totalement qu’au printemps 1945.
Force est de constater que cet irrépressible besoin de rentrer à la maison est quasi-incontrôlable par les armées et les autorités françaises.

La vie reprend grâce à la solidarité nationale et internationale, mais la population doit vivre dans les ruines. Les cités provisoires sont surpeuplées et insalubres. En attendant la construction de nouveaux immeubles et de maisons d’habitations, à partir de 1950, le pays tout entier traverse une grave crise du logement.

Déminage

Au-delà de l’appui international pour contribuer au relèvement et à la reconstruction du pays, les Alliés transfèrent 765 000 prisonniers de guerre allemands aux autorités françaises. Cette main-d’œuvre, répartie sur tout le territoire national, travaille dans des conditions parfois inhumaines. 

L’espace consacré à la reconstruction présente sous un nouveau jour le long chemin que doit parcourir la France pour se « remettre sur pied ».